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THE PUNISHER / LE SCORPION ROUGE

by Marc Toullec, Impact (France), #20, April 1989

 

The Punisher

Un nouveau justicier dans la ville. Et Bronson ne supporte plus la comparaison: face à Dolph Lundgren, il ressemble à un enfant de chœur. Fini de rire, il s'agit maintenant de punir les méchants. Et pas avec des coups de règles sur le bout des doigts!

Qui a dit que les bons devaient systématiquement porter secours aux chats perdus et aux sentiers battus? Le Punisseur n'a pas cette vocation. On lui a tué sa femme, ses deux filles. Descente aux enfers pour ce flic zélé, bon camarade. Il disparaît de la circulation pour se terrer sous la ville avec les rats. Et c'est là que naît le Punisseur, justicier plus porté sur le Bronson des belles années que sur les gentils héros de la Marvel. Personnage de bandes dessinées, de la Marvel justement, il montre des penchants suspects pour les règlements de compte à grande échelle. Et le film ne se prive pas de complaisances, de carnages. La parole est aux flingues, aux armes! Le Punisseur prend des allures d'arsenal, d'inventaire de ce qui se fait de plus meurtrier dans ce domaine. Et par un recours à quelques objets, cette panoplie remplit parfaitement sa fonction exotique. Le film ne craint jamais d'en faire trop. Les gangsters japonais, les yakusa, distancent leurs homologues Italo-yankees de la Mafia. Pervers, sadiques et dévoués au crime. Certains ne manqueront pas taxer le film de raciste, de manichéen. Il l'est comme une bande dessinée pour adultes. Une B.D. où l'on se permet plus de violence que de sexe. La violence tient à des affrontements titanesques mais, aussi en privé, à une séance de torture très originale où, copieusement chahuté, Dolph ne lâche pas un hurlement, pas un battement de poils.
Vedette du film, Dolph Lundgren ne donne pas dans les sourires ravageurs. Alors que son flingue ravage le terrain. Pour avoir monté Rambo 2 et Terminator, pour avoir tourné d'après un story-board de Paul Verhoeven les séquences d'action de Robocop, Mark Goldblatt (déjà auteur d'un très mignon Flic ou Zombie) connaît la musique. Celle du crépitement des gros canons évidemment, mais aussi la douce mélodie d'un montage dynamité à la mensuration des massacres. The Punisher essaie peut-être d'égaler les records de Sam Peckinpah mais ses débordements sont beaucoup plus salvateurs que les timides tirs aux pigeons des séries TV: en tout cas, ils ne sont pas frustrants...

Marc TOULLEC

 

Entretien avec DOLPH LUNDGREN

Taillé en V, Dolph Lundgren a les proportions de ses héros. Des héros pas vraiment héroïques, des héros méchants au départ mais progressivement gagnés par les sentiments. Mais avant d'en venir là, il aura eu le temps de décaniller un maximum de vilains... Des Soviétiques, des communistes, des Japonais, des tortionnaires... Le Scorpion Rouge et Le Punisseur ne seront Jamais projetés aux débats de l'ONU.

I.: Le film a été tourné à Sidney mais la post-production a eu lieu à Los Angeles. Pourquoi Sidney ?

D.L.: Pour des raisons financières. Les coûts sont moins élevés. Raison supplémentaire : l'apport des équipes créatives. Les Australiens trouvent plus facilement que les Américains des idées originales. Ils ne copient pas. Le directeur artistique de The Punisher a travaillé sur la série des Mad Max et sur Crocodile Dundee pour les costumes. On lui doit le look de Mel Gibson, c'est une femme vraiment très douée. Le directeur de la photo a bossé sur Evil Angels avec Meryl Streep. Nous avons bénéficié de l'équipe de cascadeurs de George Miller. Donc en plus d'une économie très nette sur le budget, ces artistes et techniciens nous ont aidés à faire du Punisher un personnage au look vraiment très impressionnant.

I.: Mais il n'est pas situé en Australie ?

D.L.: Non, dans le nord-ouest des Etats-Unis. Vers Seattle...

I.: Le travail de post-production a da être important...

D.L.: Il n'y a pas d'effets spéciaux ou très peu. En revanche, les séquences mouvementées sont nombreuses et le montage n'a pas dit être évident. L'avantage conféré au film tient surtout dans son réalisateur. Il est également un monteur de très haut niveau pour avoir travaillé sur Rambo II ainsi que sur Terminator .

I.: Vous connaissiez la bande dessinée avant le tournage ?

D.L.: Non. Je ne l'ai découverte que plus tard. Il existe des différences; mon personnage est plus contemporain et plus psychotique. Le Punisher des bandes dessinées planifie ce qu'il fait. C'est un type organisé. Dans le film, il ressemble plus à un mercenaire. il se néglige, ne dort que rarement. Il se fout de protéger la veuve et l'orphelin, ça n'est pas son but. Il est à demi cinglé et vraiment pas fréquentable. Il ne ressemble en rien à l'idéal qu'on se fait du héros typique américain.

I.: Il manifeste des attitudes morales tout de même ?

D.L.: En quelque sorte. Mais j'ai essayé de les cacher au maximum. Au début du film, on me voit avec ma famille, mes deux filles, chez moi en banlieue. Je suis flic. Mais la mafia piège ma voiture, ma femme et mes enfants meurent carbonisés dans l'explosion qui suit. A partir de là, les valeurs morales n'ont plus cours à mes yeux. Je deviens obsédé ; je parle à Dieu, applique sa justice, à la manière d'un messIe ultra violent... L'histoire se complique lorsque les yakusa japonais proposent un marché au Milieu américain. Je redeviens humain vers la fin du film en essayant de sauver un enfant.

L: La place accordée aux arts martiaux est relativement importante ?

D.L.: Oui. Le policier que je joue au début est ceinture noire de karaté. Ce que rai été dans la réalité. Les scénaristes du film sont ceux du Moment de Vérité/Karaté Kid mais la chorégraphie des combats ressemble finalement à celle des Rocky. On utilise aussi des armes assez diverses, des épées, des instruments japonais. Je me suis beaucoup amusé à affûter mon habileté dans ce domaine mais ce n'est pas évident de manipuler des armes orientales. J'ai dit aussi perfectionner ma conduite motorisée. Toutefois, les combats à mains nues ne sont pas très nombreux; mon personnage cherche à éliminer le plus possible d'adversaires et n'y va pas par quatre chemins.

L: Le Punisher a un look très particulier, pas vraiment courant...

D.L.: Tout d'abord il a fallu se soumettre aux impératifs de la bande dessinée. Je me suis mis à réfléchir sur quelques inflexions à donner au personnage. Les cheveux noirs étaient dans le scénario. J'en ai lu seulement deux pages avant d'accepter. On se rend compte immédiatement si c'est bon ou pas. J'ai tout fait pour que le Punisher ne se fasse pas aimer. Je l'ai rendu plus antipathique que ne le prévoyait le scénario.

L: Avec Le Scorpion Rouge et The Punisher, deux héros qui n'en sont pas vraiment, vous vous démarquez de Stallone ou Arnold... Vos personnages sont impurs.

D.L.: Oui je pense. Instinctivement, je cherche à amplifier ou à extérioriser (s'il existe) le conflit interne de mes personnages. C'est ce qui en fait l'intérêt, comme dans le premier Rambo ou le premier Rocky. Quand le scénario est très écrit, comme celui de The Punisher par exemple, l'effet en est encore renforcé.

L: Dans le même registre, il y a encore Ranxeros...

D.L.: Je connais bien la bande dessinée mais le projet hésite sans arrêt à se mettre en route. Il y a d'autres personnages de bandes dessinées érotiques françaises que je souhaiterais me voir proposer. Il faut du nouveau et surtout du plus grand que nature,

L: Vous avez refusé de reprendre le rôle de Musclor dans Les Maîtres de l'Univers ?

D.L.: A l'époque où on me l'a proposé, je tournais Le Scorpion Rouge. Les Maîtres de l'Univers fut un cauchemar. 5 mois de tournage dont deux la nuit. Le studio connaissait d'énormes problèmes et le budget était important. Et il s'agissait de mon premier rôle en tant que vedette. Cela a été très dur. En général, je ne m'aime pas à l'écran mais là... Il y a bien quelques effets spéciaux à sauver, quelques séquences. Pas plus. J'aimerais oublier. D'un autre côté, il m'a aidé dans ma carrière et m'a appris beaucoup. Les Maîtres de l'Univers a été numéro 1 des ventes vidéo en Angleterre mais l'e n'ai pas gagné beaucoup d'argent dans 'histoire. Peu Importe, ce qui compte c'est ce que l'on veut devenir,

L: Comment expliquez-vous ta fascination des Américains et des Européens pour tout ce qui est oriental, une fascination qui sévit depuis deux ans dans bon nombre de films ?

D.L.: Certainement parce qu'il y a là un côté cruel et organisé. Si un protagoniste s'écarte du chemin qui lui a été tracé, il disparaît. Il n'y a qu'un seul chemin, et cela rend ces histoires "efficaces"! Vous savez, les films ne sont que le reflet d'une société.

L: Et vous en avez appris sur les Yakusa pendant le tournage du Punisher ?

D.L.: Ce n'est f:as un documentaire sur les yakusa mais il y a des éléments dans le film qui y font référence, comme les traditions Issues de la mafia, la manière de marcher, les vêtements qu'ils portent...

I.: Et le sexe là-dedans ?

D.L.: Il yen a assez peu dans le film, sauf en ce qui concerne la chef yakusa. Disons que le sexe se rapproche ici de l'esprit des premiers James Bond.

L: Une scène est assez impressionnante, celle où les yakusa vous cuisinent...

D.L.: Une scène assez amusante. Ils ont essayé tout ce qui était possible en matière de supplices et tortures sans que le Punisher ne bronche ou leur révèle quoi que ce soit. A un autre moment, la chef des yakusa lui demande qui l'a envoyé, ce à quoi il répond: "-Batman". Vous voyez, il y a énormément d'humour dans le film, même lorsqu'il tue les deux yakusa !

Propos recueillis par Alain CHARLOT et Marc TOULLEC.

 

Tranches de vie

Né à Stockholm, Dolph Lundgren est l'aîné d'une famille de quat", enfants. "Mort père était ingénieur, j'ai voulu faire la m~me carrière. Jamais je n'ai pensé à l'art dramatique ou au show-business en général. J'ai passé tant de temps plongé dans des livres que je devrai avoir une tache d'encre indélébile au bout du nez". Licencié en chimie, maths et physique, il parle couramment l'anglais, l'allemand et le japonais". Guère intéressé par les sports" d'équipe, il devient en 1977 ceinture noire de karaté après des études à l'Université de Sidney. Plusieurs fois médaillé en Europe, il sollicité en tant que boxeur aux USA par une horde de managers. "Je suis certain que chacun d'eux s'est dit : j'ai enfin découvert l'espoir de demain... C'est une réaction courante dan" cette profession. Quoi qu'il en soit, ça ne m'intéressait pas. Lors de mes compétitions de boxe thaïlandaise, j'avais suffisamment encaissé de coups. J'ai préféré accepter l'offre plus pacifique d'une agence de mannequin". Présenter des maillots de bain ou figurer sur des affiches en tenue de sport était beaucoup moins dangereux que de manquer de se faire sonner sur un ring! " . Là-dessus, Dolph a enchaîné sur des cours de comédie, ce qui lui vaut alors de fréquenter les casting.. "J'ai d'abord passé une audition pour tenir le rôle du Russe dans Rambo II. J'ai rencontré Stallone alors qu'il venait juste de terminer son script de Rocky IV il m'a dit qu'il préférait me garder en réserve pour tenir le rôle de Drago dans son film. Lorsque Rocky IV est entré en pré-production, certains de ses conseillers techniques l'ont persuadé de ne pas me prendre, selon eux, je n'étais pas assez "volumineux". Pendant un moment, j'ai cru que j'avais raté deux belles occasions de faire enfin mes débuts au cinéma. Durant les quatre mois suivant, j'ai suivi un entraînement intensif de musculation. Les onze kilos supplémentaires que j'ai pris ont fait pencher la balance du bon côté. Stallone m'a engagé et nous nous sommes entraînées ensuite ensemble pendant plusieurs mois. Je crois que je n'en aurais pas fait davantage pour me préparer à un vrai championnat de poids lourd contre Mohammed Ali ou Larry Holmes.. Mais je me suis également fait la remarque suivante: la carrière d un acteur dure souvent plus longtemps que celle d'un boxeur". Sur le tournage, Dolph blesse Sly au cœur; il a frappé trop fort... Entre-temps, grâce à sa copine du moment (Grace Jones), il écope d'un emploi fugitif de garde du corps russe. La gloire acquise sur Rocky IV lui permet d'incarner un Musclor bien transparent dan. Les Maîtres de l'Univers, et, comme Jane Fonda, de sortir quelques cassettes vidéo sur la mise en forme. Après Le Scorpion Rouge et The Punisher, Dolph a incarné un flic, confronté à des trafiquants de drogue interstellaire, dans Dark Angel de Graig Action Jackson Baxley.

 

Le Scorpion Rouge

Un tueur du Kremlin dans la brousse africaine. Impassible, le robot Lundgren mène la vie dure à la guérilla locale avant de la rallier. Après une période d'initiation...

Cheveux brossés façon Fourcade, le muscle luisant et l'œil dangereux, Drago/Lundgren le soviet présente ses vœux et ses poings au peuple américain. Ebranlés par sa dynamique et sa prestance, Robert et Jack Abranoff (américains comme leur nom ne l'indique pas) décident de l'extirper de Rocky IV et de le lancer dans l'espace hollywoodien comme une comète brûlante... Mais la Cannon leur grille la politesse, imposant au pauvre Dolph une pénible expérience (de l'aveu même du comédien, Les Maîtres de l'Univers ne l'enchantait guère). Obstinés, les frères Abranoff prennent le relais, et curieusement songent a exploiter le physique du suédois dont les diplômes de chimIe et de technologie ne lui servent guère dans le milieu du show-biz. Abranoff et Abranoff détournent Joseph Zito de la Cannon pour quelques mois et investissent le tiers-monde africain. Trois mois pour construire la base soviétique, 17 semaines de tournages, l'aide de l'artificier John Evans (quelques James Bond et Full Metal Jacket notamment), le trio AZA (Abranoff, Zito, Abranoff) concilie logistique d'experts et artillerie lourde.
Le but ? Faire de Dolph Lundgren une star à l'image de Chuck Norris, ou mieux encore d'Arnold Schwarzenegger! Et Le Scorpion Rouge sera, en quelque sorte, le test... De quoi va être composé ce parcours africain du combattant ? "D'un revirement humain" dirait Zito, mais nous pourrions ajouter revirement politique.
L'agent soviétique Nikolaï, un assassin patenté, est envoyé au Mambaka (ne cherchez pas sur une carte, ce pays n'existe que cinématographiquement...) pour y éliminer un leader rebelle au régime communiste mis en place. Nul ne connaît son identité réelle, exception faite du général Vortek. L 'homme à abattre se nomme Sundata. Nikolaï est envoyé en prison, à la suite d'une rixe. Il y rencontre Kallunda, le second de Sundata, et Dewey Ferguson (ce bon vieux Emmett Walsh), un journaliste américain qui traîne ici ses guêtres par humanisme... Les trois hommes s'évadent et rejoignent le camp des rebelles où ils sont accueillis en héros.
Ayant peu l'habitude de gamberger, notre espion exécute la commande, ou du moins essaye. Echec... Epargné par ses ennemis, mais abandonné aux vents et au soleil, il est repris par les russes. Vortek, qui est plutôt du genre radical, ordonne son exécution, non sans lui avoir ménagé un intermède de torture...
Ladite scène (de torture) a une fonction bien précise dans le cinéma d'action, elle jauge le degré d'héroïsme, de résistance et e musculature de la "victime". Bien ficelée, elle peut faire de l'acteur une vedette immédiate et cataloguée. Alors que mal foutue, elle ennuiera le spectateur.
Dans Le Scorpion Rouge, le tortionnaire amoureux de son métier est interprété par Brion James (un des répliquants dans Blade Runner et dératiseur fou dans Mort sur le Gril), qui s'est fait teindre les cheveux en blond pour l'occasion. Nikolaï se libère une nouvelle fois, va intégrer une bande de bushmen, et devenir spirituellement l'un d'entre eux. Alors, avide de revanche et de justice sociale, il organisera un raid sur la base milItaIre soviétique...
Le Scorpion Rouge, vous vous en doutez, repose essentiellement sur deux choses : la présence de Dolph Lundgren, qui a bien carré le film sur ses épaules massives. Et une action bien menée sabre au clair par un Joseph Zito impétueux dont le désir secret seraIt de tourner le quatrième volet de... Rambo.

Marc TOULLEC

 

Entretien avec JOSEPH ZITO

Quand il s'agit de faire des cartons, Joseph Zito sait de quoi il parle. Pour avoir dirigé Chuck Norris à deux reprises (dans Portés Disparus puis Invasion USA), et pour avoir suivi les ballades sanglantes de deux teurs psychopathes (le G.I. de Rosemary's Killer et Jason dans Vendredi 13, Chapitre Final). Un équarisseur de première pour la mise en scène du Scorpion Rouge

I.: Commençons par une petite plongée dans votre passé?

J .Z.: C'est un exercice peu évident en ce qui me concerne car j'aurais plutôt tendance à oublier mes films sitôt mis en boîte. On s'investit tellement, l'expérience est tellement difficile, qu'on pense immédiatement au film qui va suivre. il y a des gens dans ce métier qui sont cinéastes pour avoir la possibilité de le clamer dans des soirées mondaines. Moi, je trouve cela épuisant.

I.: Chuck Norris, avec qui vous avez tourné à deux reprises, nous a avoué que vous avez eu des problèmes avec la Cannon...

J.Z.: En tout cas, pas avec Menahem Golan avec qui je m'entends parfaitement. En fait, Golan me demande de le suivre partout pour vanter les mérites de sa compagnie. J'ai travaillé sur quatre films dont deux en tant que metteur en scène, Portés Disparus et Invasion USA. Ils ont tous rapporté de l'argent et furent pour moi une expérience très intéressante.
J'ai été déçu récemment par le projet avorté de Spiderman ; ce devaIt être au départ un film coûteux (18 millions de dollars) et son tournage devait avoir lieu en Angleterre. Puis Golan décida de transférer le tout à... Rome. Après plusieurs mois de travail sur le scénarIo, sur les réductions de budget, Golan et Yoran Globus abandonnèrent l'idée parce que cela leur revenait trop cher. Dommage car cela aurait fait un film formidable. En réalité, ils ont envisagé de le faire cheap et je leur ai conseillé de le suspendre définitivement. Les choses changent, les circonstances également. Vous connaissez les problèmes que traverse la Cannon. Je suis déçu mais la faute n'en incombe pas aux producteurs. Ils étaient très embarrassés à mon égard.

I.: Vous n'avez pas répondu à leurs appels lorsqu'ils vous réclamaient pour Braddock : Portés Disparus III...

J .Z.: Ce n'est pas tout à fait exact. Ils n'arrêtaient pas de m'appeler pour que je puisse reprendre les choses en main, mais je n'aime pas en règle générale m'occuper des séquelles de mes propres films... Celles des autres, c'est une autre histoire. Bref, Globus puis Golan me tarabiscotaient jour et nuit à propos du film et j'ai fini par céder en me disant qu'une exception à mes règles ne serait finalement pas gênante. On a préparé l'expédition de Los Angeles, puis nous nous sommes rendus aux Philippines à nouveau. J'ai démarré la pré-production. Et peu de temps après, ils sont venus me trouver pour me dire de faire le même film avec un budget inférieur. J'ai accepté. ils sont revenus en me demandant de le baisser encore...
Ils avaient alors des difficultés financières énom1es, et je leur ai dit: "- Ecoutez-moi, je ne veux pas vous mentir . Si vous le voulez pour moins cher, vous n'avez pas besoin de moi!". Puis je me suis retiré du projet en leur proposant d'autres noms.

I.: Comment a débuté votre collaboration avec Cannon?

J.Z.: Je venais de tourner Vendredi 13, Le Chapitre Final pour la Paramount. Le film était sorti depuis deux jours et fonctionnait bien au box-office. Globus m'a téléphoné et flatté, je lui ai dit "- Oh, vous n'avez pas vu mon film", et il m'a répondu "- Non, j'ai vu les chiffres des recettes"... Quelque temps après, je réalisais Portés Disparus en Asie. Tout s est fait très vite. A peine arrivé à Los Angeles, on me remettait un chèque et un ticket d'avion. Direction les Philippines. Je pouvais y rester aussi longtemps que je le désirais. Pas de contrat! Je n'ai jamais eu de conversation de gros sous avec eux, qui ait duré plus de 10 ou 15 minutes

I.: Parlons du Scorpion Rouge. Le gouvernement du Zwaziland vous a posé problème paraît-il?

J .Z.: Ce fut très étrange. Le tournage de ce film devait se dérouler au Swaziland, un petit royaume d'Afrique, où personne n'a jamais tourné. Le roi a 19 ans et sa mère se montre très active au sein du gouvernement... Nous avions d'ailleurs le soutien du frère du roi et tout paraissait OK.
Mais nous nous sommes aperçus qu'il existait de 150 à 160 frères du roi! Et ce dernier ne connaissait même pas notre collaborateur! En fait, Le Scorpion Rouge aurait nécessité, comme ce fut le cas pour Rambo, une armée de techniciens, figurants, cascadeurs; et les gens du pays s'alarmèrent en voyant que leur propre armée ne rivalisait même pas avec la nôtre... Ils s'étaient imaginé que le film entraînerait la venue de 2 ou 3 personnes avec une caméra vidéo; car ils étaient habitués aux reporters de la BBC. Même pour moi, le film prenait des proportions gigantesques: 500 personnes au total se succédèrent sur le plateau. Il a fallu tout construire, les bases russes par exemple. Nous avions du mal à communiquer: les journaux n'étant même pas quotidiens... Pas mal de gens s'étonnaient de voir des hélicoptères survoler leurs villages, et des tanks rouler sur leurs routes. On avait tous peur que la population panique. Après plusieurs rencontres avec les autorités, nous avons compris que le problème était insoluble. Un petit état voisin, une autre monarchie militaire, ne tenait pas non plus à nous accueillir. Pareil pour le Botswana. Nous avions tout, le personnel, les acteurs, l'argent, le matériel, le metteur en scène, tout sauf le lieu de tournage... Finalement, nous avons tourné en Namibie.

I.: Comment Dolph Lundgren a-t-il accepté tout cela?

J .Z.. Très bien, très calmement. Dolph est quelqu'un de compréhensif, de malléable et qui cherche à satisfaire tout le monde. II a lui-même exécuté toutes les cascades, comme sauter d'un camion en marche sur une motocyclette... Je pense d'ailleurs que nous allons refaire un film ensemble.

I.: Et qu'offre-t-il de vraiment neuf, Le Scorpion Rouge?

J .Z.: Son principal atout est le personnage interprété par Dolph, un soldat russe qui prend fait et cause pour les rebelles qu'il est censé combattre. Parce que le héros est soviétique, je pense que le film intriguera les gens. Mais Le Scorpion Rouge ne se prend jamais au sérieux. Le plaisir avant tout.

I.: C'est la troisième fois que Dolph Lundgren joue un Russe, après l'homme de main de Dangereusement Vôtre et le boxeur de Rocky IV...

J.Z.: Oui, mais celui-ci parle. Lorsque je l'ai rencontré à Berlin, pour la première fois, je m'attendais à son accent de Rocky IV. Il parle en fait un américain sans accent. On a utilisé un spécialiste du russe car Dolph s'exprime de temps à autre dans cette langue.

I.: Comment tourne-t-on une scène de bataille comme celle qui clôt le film?

J.Z.: Avec beaucoup de patience. Je le répète, nous avons tout construit. L'Afrique nous a procuré le sable et les étoiles. Nous avons fait le reste. l'ai mis des mois à repérer la bonne colline qui pourrait servir de base russe. On a fait venir des centaines de figurants avec lesquels on a répété durant des jours. On place des cascadeurs près des centres névralgiques pour s'assurer que personne ne soit blessé. il y a des plans où on compte pas moins de 35 explosions. Tout le monde courait; il faut contrôler sans cesse la pagaille. On s'y prend comme des militaires avant une campagne. Quand j'ai tourné Portés Disparus, certains figurants se croyaient revenus au temps du Viêt-Nam!

I.: Vous avez l'habitude des tortures sadiques: il y avait déjà Chuck Norris dans Portés Disparus; et Dolph Lundgren se fait aussi chatouiller les côtes...

J.Z.: C'est curieux, je n'arrête pas de recevoir des scripts avec des éléments identiques. Par exemple avec des bateaux; je hais les bateaux. Dans Le Scorpion Rouge, rai ma petite séance de torture. Histoire de garder la main. Je crois qu'on s'en souviendra. C'est Tom Savini qui s'est occupé des effets spéciaux. Il avait travaillé sur trois de mes films, Rosemary's Killer, Vendredi 13, Le Chapitre Final, et Invasion USA.

I.: Vous avez bien 2 ou 3 histoires croustillantes à nous raconter?

J.Z.: Le tournage ne s'est pas passé dans la joie et l'humour. La chaleur, le sable, les insectes, le manque d'eau, les serpents et les scorpions, tout ça n'était pas très réconfortant. Alors qu'il était en train de jouer une scène, Dolph s'est rendu compte que deux scorpions étaient montés sur son dos. ils s'y sont tués mutuellement!
Et Dolph a également été mordu par une espèce de chien sauvage. il a survécu à tout...

I.: Le vieux personnage de bushman paraît vraiment pittoresque.

J .Z.. Il était incroyable. Très serviable; un gars merveilleux. Il a 95 ans et son tll1ique obsession est de baiser tout ce qui bouge et gui est féminin. Il chassait les femmes toute la journée. Pour le faire venir sur le plateau, il a fallu lui donner notre accord pour qu'il se déplace avec sa tribu, qu'il ne quittait jamais. Ils étaient 27 et se sont installés dans le désert, à proximité. On le cherchait tout le temps, il était toujours occupé à...
Je suis sûr qu'il aurait ait un acteur merveilleux. Il Jouait ses scènes impeccablement, sans rien changer...

Propos recueillis par Alain CHARLOT et Marc TOULLEC

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