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Jérémie
Damoiseau
Maîtrise Cinéma
Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne (UFR 04)
Séminaires "Le Cinéma et ses Doubles"
/ "Le Cinéma de Genre"
JOSHUA TREE
(Au-dessus
de la loi)
de Vic Armstrong
Hommage ou
plagiat?
May 2001
INTRODUCTION
Le cinéma donne souvent
l'envie paradoxale de voir à la fois du "déjà
vu" et du nouveau. Le plaisir du cinéma participe
des plaisirs de répétition et d'inédit.
Pour le cinéaste, la tentation de refaire et de retrouver
ce qu'il a aimé peut être grande. Et l'on peut dire
que l'émergence des genres et de la standardisation (surtout
hollywoodienne) vient en partie de ces phénomènes.
Les films se font écho mutuellement et se renvoient constamment
les uns aux autres (par répétitions multiples).
On peut dire que pratiquement tous les films sont sous influence,
de manière plus ou moins consciente et honnête.
Cela peut aller de la ré-appropriation personnelle du
cinéaste au plagiat, en passant par l'hommage.
En ce sens, le cinéma dit d'action est un cas intéressant
car c'est peut-être le type de films qui s'est le plus
standardisé et auto-plagié, depuis les origines
du cinéma jusqu'à aujourd'hui, en passant par l'âge
d'or de la série B. Joshua Tree¹ (Au-dessus
de la Loi), film méconnu sorti en 1993, se présente
comme une curiosité de ce point de vue. A priori c'est
un sous-produit, vendu comme un western contemporain avec le
géant suédois Dolph Lundgren.
Injustement accusé du
meurtre d'un policier, un hors-la-loi (Santee) s'enfuit à
travers le désert de Mojave, entraînant une otage
(Rita) appartenant en fait aux forces de police. Pris comme tel,
le film n'est pas exempt de défauts mais possède
un certain charme qui ne le rend pas déplaisant, peut-être
pour les raisons suivantes.
Le film est en fait réalisé par un coordinateur
de cascades d'origine anglaise devenu indispensable à
Hollywood, Vic Armstrong (près de 200 films dont La
fille de Ryan de David Lean, quelques James Bond,
les Indiana Jones, Total Recall de Paul Verhoeven).
Et pour son premier long métrage, le réalisateur
cite et s'inspire du sublime High Sierra (La Grande
Evasion, 1941) de Raoul Walsh, du film de Sam Peckinpah The
Getaway (Guet-apens, 1972) et du Hard Boiled
(A toute épreuve, 1992) de John Woo. Ce qui peut
paraître a la fois humble et prétentieux pour une
première réalisation. Mais ces références
et allusions projettent le film dans une autre dimension et demandent
à être étudiées ; à travers
l'hypothétique ascendance d'High Sierra sur Joshua
Tree dont les filiations posent la question de l'hommage
ou du plagiat par Vic Armstrong.
I. HIGH SIERRA, ASCENDANT
DE JOSHUA TREE ?
Le renvoi de Joshua Tree
à High Sierra n'est pas une simple fantaisie. En
effet, on peut voir quelques similitudes entre les deux films,
mais l'oeuvre de Raoul Walsh est avant tout citée dans
Joshua Tree.
A. CITATION
Dans sa fuite le personnage interprété par Dolph
Lundgren, Wellman Santee, se repose un moment dans un motel avec
son otage. La séquence est entrecoupée par une
scène annexe. La deuxième partie de la séquence
débute sur un poste de télévision diffusant
le générique d'ouverture d'High Sierra (le
fait que l'on voit le générique confère
presque à la citation une seconde marque d'énonciation).
Un panoramique amène le regard sur Rita. L'enchaînement
du panoramique sur un assez gros plan du visage de Rita ne laisse
pas le temps de voir Santee regarder le film, ce qui nous fait
adopter le regard de Rita. C'est donc à travers elle que
nous voyons ensuite Santee, la caméra dévoilant
d'abord son abdomen blessé, puis son visage concentré.
S'il n'exprime rien, il semble dévoiler d'avantage, laissant
entrevoir une vulnérabilité et une sensibilité
passées inaperçues, qu'il ne pouvait se permettre
jusqu'à cet instant. Il a presque l'air d'un enfant qui
regarde son feuilleton télévisé. C'est peut-être
ce que perçoit Rita lorsqu'elle lui dit : "C'est
ton héros, hein? Le hors-la-loi qui se fait descendre.
Pourquoi tu veux mourir? Tu trouves ça romantique? Tu
espères que des filles viendront pleurer sur ton cadavre?"
Ce à quoi Santee ne répond rien, mais l'on peut
penser qu'il existe bien un lien d'identification entre Santee
lui et Roy Earle, le malfrat incarné par Humphrey Bogart.
A mesure que la scène se poursuit, on entend la bande
sonore de High Sierra, dont les dialogues indiquent que le film
avance (évidemment de manière irréaliste).
Peu après, on voit la scène du meurtre du policier
par Roy Earle faisant écho à la trame de Joshua
Tree, à la différence que cet événement
de l'intrigue constitue comme le point d'orgue d'High Sierra
alors qu'il ouvre le film de Vic Armstrong (et Hollywood oblige,
Santee est innocent). Le plan de la télé est entrecoupé
par un plan de discussion entre Santee et Rita, puis on voit
la scène qui se déroule après le braquage,
où la voiture des complices de Earle dévie, se
"crache", et explose. Peut-on dire que cela renvoie
à une scène ultérieure où une Rolls
Royce similaire s'enflamme de la même façon (après
avoir été mitraillée)? En tout cas, il est
intéressant de voir comment le réalisateur Vic
Armstrong nous renvoie d'une certaine façon à sa
propre citation d'High Sierra, lorsqu'on aperçoit
à travers des moniteurs vidéo en noir et blanc,
cette vieille Rolls Royce.
High Sierra est à nouveau cité, au
moment où Rita (en réalité shérif
adjoint), après avoir été relâchée,
se décide à en savoir plus sur cette affaire à
laquelle son ravisseur est mêlé et lui semble de
moins en moins coupable. Elle le suit donc au ranch du policier
ripoux aux trousses de Santee (George Segal) et y tombe nez à
nez avec le visage d'Ida Lupino, découvrant le sens de
la liberté dans la très belle fin du film de Walsh.
On peut y voir une résonance dans le film de Vic Armstrong.
En effet, c'est juste au moment où Rita commence à
faire ses propres choix et à les assumer. d'une certaine
façon, à se propos, même Esther, la femme
du flic se montre plus libre et se sert de son mari à
sa guise. Ces deux personnages féminins présentés
d'abord comme des clichés de la femme objet (représentée
au cinéma) trouvent en fait leur liberté alors
que les hommes se font rouler ou restent enfermés dans
des schémas qui les empêchent d'être libres.
La citation de High Sierra
nous confirme l'idée que la séquence finale de
Joshua Tree est bien inspirée de celle du film
de Walsh.
B. SEQUENCES FINALES
Malgré une différence de style notable, Joshua
Tree semble proposer une course poursuite et un final similaires
à ceux de High Sierra. La fuite de Santee ressemble
en effet à la cavale sans issue de Roy Earle. Et on peut
probablement dire que la séquence finale de Joshua
Tree tient à la fois du remake partiel et du remake
élargi. Le film s'inspire d'High Sierra tout comme
il en transpose des éléments dans un autre genre.
Son style et sa forme ne l'apparentent pas à un "néo-film
de gangster". Et son contenu n'en possède pas assez
qui puisse le lier au film de gangster.
Du film de Walsh, Vic Armstrong reprend la scène de poursuite,
(dans la deuxième partie) et s'inspire du final dans la
Sierra Nevada. Il faut dire que les deux films ont été
tournés autour de Alabama Hills et Lone Pine, d'où
l'impression sur certains plans, qu'Armstrong a posé sa
caméra sur les marques, comme gravées et inaltérables
de Raoul Walsh tellement la correspondance semble évidente.
La différence d'âge des deux films implique pourtant
un écart entre les moyens techniques disponibles pour
tourner une poursuite en voiture. Mais même les images
tournées d'un hélicoptère rappellent les
plans de Walsh. Les deux films se rejoignent surtout lorsque
les deux poursuites prennent place sur la montagne. Les plans
de virages sur les routes montagneuses semblent presque identiques.
Les plans de Santee gravissant les rochers au-dessus du vide
renvoient au tireur d'élite arrivant par les hauteurs
pour abattre Roy Earle, et Santee se poste derrière un
rocher tel Earle tirant sur les forces de police.
Dans le film de Walsh, où Earle n'a pas de comptes à
régler avec un ennemi en particulier, la séquence
n'est pas très longue, les forces de police attendant
qu'il sorte de sa tanière Cette chasse à l'homme
a une dimension plus mythique, plus courte en durée, elle
se déroule en fait dans une temporalité plus longue.
Le final de Joshua Tree est surtout prétexte à
utiliser les mêmes décors naturels tout en gardant
une certaine réminiscence du film de Walsh, mais il s'en
éloigne en étant allongé de combats hypertrophiés
et interminables (éternels / pérennité de
la lutte?). On remarque que la scène n'est pas médiatisée
comme l'est le film de Walsh, c'est un règlement de comptes
"familial" entre trois personnages.
Lorsque l'on voit ça, on est influencé par l'intertextualité
essentiellement scénaristique des deux films, qui lorsqu'ils
sont le plus proches (c'est à dire sur des éléments
quasiment identiques) ne disent pas la même chose. En effet,
dans High Sierra, le barrage de police, la route barrée
puis l'avancée des policiers entre les arbres, excluent
tout espoir, de fuite comme de survie. Dans Joshua Tree
(dans lequel la route barrée apparaît de manière
plus fugitive), ils symbolisent plutôt l'immuabilité
des choses, ils indiquent que rien n'a changé, que ce
soit le désert, les policiers ou les hors-la-loi. Depuis
l'époque du western, seuls les hennissements des mustangs
ont été remplacés par le vrombissement des
voitures. Mais les luttes qui séparent les hommes tournent
inlassablement autour de la même chose et n'ont pas changé.
Curieusement, Walsh évoque au contraire un changement,
et son film lui-même se situe à la transition entre
le film de gangster et le film noir.
La différence réside aussi dans la vitesse qui
n'était déjà pas le point faible du film
de 1941 pour l'époque. La vitesse et le rythme frénétiques
de Joshua Tree, qui peuvent sembler lourds ou agaçants,
ne se justifient pas tant par les capacités d'ancien pilote
de course du héros, que par son manque de temps qu'il
évoque lui-même.
S'il reste un rebelle et un hors-la-loi, Santee n'est pas totalement
coupable et sa rédemption moins lourde. Le détournement
de sa mort par son arrestation éloigne donc Joshua
Tree un peu plus de la portée d'High Sierra.
C. RETOUR AUX SOURCES
En citant Walsh dans son premier film, Vic Armstrong, revient
sur un cinéma classique américain dont l'influence
ressort encore dans les films d'aujourd'hui.
Le présentant comme un western contemporain, l'ambition
avouée de Joshua Tree n'est rien de moins qu'un
retour aux sources du cinéma américain. On remarque
que les deux héros se dirigent vers l'est (paradoxal pour
un western!): or dans la mythologie du western, l'ouest représente
comme un inconnu à découvrir, soit un avenir. On
peut donc considérer la direction de l'est comme un retour
vers le passé, donc aux sources. Comme High Sierra,
le titre du film de Vic Armstrong est un nom de lieu, le parc
national de Joshua Tree qui se trouve dans la même
région. Dans High Sierra, Earle veut retourner
au pays, c'est le personnage qui veut effectuer un retour aux
sources, dans Joshua Tree, c'est le film, même si
le héros aussi retourne sur son territoire.
Les deux personnages sont tous les deux des antihéros
venant de prison qui ne penchent pas forcément du côté
de la loi. L'un est un braqueur de banques, l'autre un convoyeur
de voitures volées. Ce sont tous les deux des durs, des
héros meurtris à l'honneur bafoué qui cachent
une affectivité, marquée de manière involontaire
dans leurs cauchemars respectifs ; or détail intéressant,
chacun reçoit une balle dans la poitrine côté
gauche c'est à dire celui du coeur. Il y a dans ces deux
personnages, le besoin de racines qui s'effectue par un retour
aux sources (et aux sources du cinéma américain
pour Joshua Tree)
D'une certaine façon on peut dire que les deux films sont
des road movies et évoquent la traversée du désert,
élément emblématique de la rédemption
et qui s'accompagne d'un retour aux sources symbolisé
aussi dans le film dArmstrong par des costumes, accessoires ou
des décors rappelant les films des années quarante.
Il y a dans les deux films un conflit de générations
mais de manière inversée : Earle contre ses jeunes
complices, Santee contre le lieutenant vétéran
Severance, qui se considère d'ailleurs comme son père.
Or on peut dire que le film porte en lui-même est un conflit
de générations, puisqu'il est "habité"
à la fois par Raoul Walsh, Sam Peckinpah et John Woo.
II. FILIATIONS
A. TROIS GENERATIONS DE CINEASTES.
On pourrait trouver nombre d'influences¹ au film de Vic
Armstrong qui se situe dans la lignée de films comme Nevada
Smith, les westerns avec Randolph Scott ou même des
séries tel que Le fugitif ou Au nom de la loi
avec Steve McQueen. Mais si le renvoi à Raoul Walsh semble
le plus redondant dans Joshua Tree, les références
à Sam Peckinpah et à John Woo n'en demeurent pas
moins importantes. Il est intéressant de constater que
Vic Armstrong fait allusion dans son film à trois cinéastes
de trois générations, qui ont chacune marqué
le cinéma d'action (quatre si l'on y inclut un clin d'oeil
à William Wellman par le prénom du héros,
Wellman).
Les références utilisées par ont au moins
le mérite d'être assez sensées, et il est
évident que Joshua Tree se situe tout à
fais dans la veine du road movie de Sam Peckinpah The Getaway
(Guet-apens, 1972).
Par contre, le renvoie qu'il
effectue entre les deux films est nettement moins productif et
intéressant que son utilisation du film de Walsh. On peut
d'ailleurs douter du choix de la scène à laquelle
il fait allusion. On pourrait presque la considérer comme
une citation, mais aucun élément concret ne nous
l'indique à l'écran. Elle se situe dans le premier
quart du film, alors que Santee et son otage sont en plein centre
ville à Los Angeles.
Rita surprend son ravisseur en
dévoilant ses capacités martiales pour lui échapper
et attirer l'attention des policiers environnant. Santee sort
alors son fusils en tirant sur les étalages d'une épicerie
afin de mettre les forces de l'ordre à terre, puis il
crève les pneus de leurs voitures tel Steve McQueen dans
The Getaway¹, dont Joshua Tree se veut être
un descendant, tout comme on peut dire que le cinéma de
Sam Peckinpah a fortement imprégné celui de John
Woo.
La séquence se référençant à
John Woo constitue le point d'orgue du film. C'est un "
gunfight² " situé dans un hangar entre Santee
et les hommes d'un ancien complice de la mafia (japonaise ou
de Hong Kong), qui renvoi directement à la fusillade du
garage de Hard Boiled (A toute épreuve,
1992). Vic Armstrong n'a pas copié Woo plan par plan comme
il l'a été dit dans certaines critiques, mais il
en a conservé les ficelles (et les figurants asiatiques,
qui font un peu figure d'intrus au milieu du film. Mais la séquence
est beaucoup plus appuyée et dramatisée, par le
filmage comme par la musique. La fusillade prend donc un caractère
épique, mythifié, qu'on ne lui prête pas
forcément chez John Woo, dont chaque mouvement chorégraphié
découle d'une cohérence spatiale et temporelle.
Les ralentis sont plus maladroits et donnent à la grande
violence de ce "spectacle" un caractère ennuyeux
voire désagréable. Ça se passe dans un lieu
plus petit ce qui a amené le réalisateur à
construire sa scène dans la verticalité alors que
celle de Woo est beaucoup plus "horizontale", donc
plus aérée. Dans Joshua Tree, la scène
semble un petit peu déplacée et constitue un élément
singulier. On peut douter de son utilité, à part
de demander au pauvre Dolph Lundgren de tuer encore une fois
un maximum de figurants et de ramener le film à sa condition
première de film d'action basique et violent. Son mérite
est au moins de faire partie de la première vague de films
américains à reprendre les scènes d'action
de Hong Kong. Hard Boiled étant d'ailleurs à
peine plus vieux que Joshua Tree.
B. ESPECE INTERMEDIAIRE
Le titre fait référence à l'arbre de Joshua
(nommé ainsi par les mormons de par sa "ressemblance"
au prophète), une espèce intermédiaire entre
l'arbre métaphore du film qui à force de mêler
les influences et les genres, devient un et le cactus. On peut
donc dire que cet arbre est en quelque sorte une peu hybride,
intermédiaire, essayant de croiser le passé et
le présent, le vieux et le neuf (notons par exemple dans
les accessoires, la concurrence entre la Rolls des années
quarante et les Ferrari neuves, les mitraillettes datant de la
prohibition, la Winchester et l'artillerie plus moderne, Severance
ressemblant à un Spencer Tracy detective). L'arbre de
Joshua vit normalement en groupe et il est rare d'en trouver
un isolé, or celui qui ouvre et qui clôt le film
est un solitaire. On peut noter que les deux principaux protagonistes,
Santee et Rita sont finalement tous deux des rebelles rejetés
par la société (Rita est mal intégrée
en tant que femme dans la police) et cherchent une reconnaissance.
Et on pourrait même pousser jusqu'à dire que les
trois influences majeures de Vic Armstrong sont des cinéastes
marginaux.
C. L'IDENTIFICATION COMME PHENOMENE
DE REPETITION.
Si la répétition peut se manifester par la citation
ou le remake (partiel ou élargi comme ici ou sous toute
autre forme), elle peut aussi ressortir de l'identification,
ce qui peut bien sûr s'appliquer à d'autres films
mais plus particulièrement à Joshua Tree,
dans lequel elle s'exprime de manière multiple. L'identification
y est externe et interne à la diégèse du
film qui, en s'identifiant à d'autres, en fait presque
son sujet. Il peut y avoir identification à un type de
film, à un cinéaste (ce que nous avons vu précédemment),
et puis d'un personnage à l'autre, à un héros
ou une personne.
Il y a une correspondance intéressante par rapport à
la figure du héros. Dans la première partie de
Joshua Tree, Santee fait la morale au fils de son partenaire
tué parce qu'il a volé une voiture, ce à
quoi le jeune noir répond qu'il l'a fait pour lui, parce
qu'il veut être comme lui. Embarassé, Santee fait
comprendre de manière convaincante au gamin que non seulement
il n'est pas un exemple très malin mais qu'en plus il
doit être executé dans quelques jours. Cette relation
devient plus intéressante comparée avec celle qu'entretien
Santee lui-même avec le personnage d'Humphrey Bogart dans
High Sierra. Rita a très clairement un problème
d'identification avec son père et son frère, policiers
eux aussi et répète donc leur schémas. Severance,
non seulement avoue une admiration pour son adversaire Santee
qu'il voit comme un fils.
Finalement la signification de Joshua Tree (sûrement
inconsiement) porte plus sur la source et l'identification, le
fait d'avoir un héros, un modèle. Notons à
nouveau le dialogue suivant du personnage de Rita : "C'est
ton héros, hein? Le hors-la-loi qui se fait descendre.
Pourquoi tu veux mourir?" Finalement, quel est le sens de
tout ça? A quoi bon avoir un héros? Et surtout
à quoi sert un héros?
CONCLUSION : HOMMAGE RATE
OU PLAGIAT REUSSI ?
Vic Armstrong semble vouloir remettre au goût du jour un
certain cinéma classique américain. L'ambition
avouée de Joshua Tree est de toiletter le film
d'action américain en mettant l'accent sur ses vertus
antédiluviennes. Le film a été pour cela
teinté de Raoul Walsh, Sam Peckinpah et John Woo. Il semble
évident que Vic Armstrong ne s'est pas totalement réapproprié
les oeuvres de ses prédécesseurs, à la vision
du film il ne fait pas non plus figure de tâcheron d'un
cinéma américain de seconde zone. Son film tient-il
donc plus de l'hommage ou du plagiat?
On peut dire en fait qu'il entretient avec les cinéates
qui l'ont inspiré une relation de maître à
élève qu'il n'a pas sû dépasser. Armstrong
a clairement avoué son admiration pour Hard Boiled
auquel il se devait de rendre hommage. La légende veut
même qu'il se soit excusé auprès du maître
hong kongais qui lui auraît répondu "Ne te
tracasse pas, Vic, ça fait des années que je te
pique des idées."¹ Il n'est pas courant qu'un
réalisateur s'excuse auprès d'un autre pour l'avoir
copié. Le problème ici c'est que la translation
entre les film est assez brutale.
Si au moins la copie est
bonne, il lui manque au moins un commentaire (si ce n'est plus
de transformations), surtout en ce qui concerne les emprunts
à The Getaway et Hard Boiled puisque la
relation à High Sierra semble plus riche et intéressante.
Il semble comme c'est souvent le cas pour les remakes que les
oeuvres source ont été mal "digérées".
L'hommage est rempli de bonnes intentions mais maladroit. Par
exemple les flash-backs de Santee en noir et blanc rendent maladroitement
hommage au film de Raoul Walsh ; seul le premier est justifié
parce qu'il fait partie d'un rêve qui constitue en fait
le prolongement des extraits de High Sierra (on s'attend
d'ailleurs à un extrait juste après). Si Joshua
Tree est donc qu'un hommage raté, peut-on parler de
plagiat réussi? La notion est-elle concevable?
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